récifal coraux mous
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Vrai récifal avec coraux mous vs pseudo aquarium avec coraux durs
- Le 11/10/2018
Vrai récifal avec coraux mous vs pseudo aquarium avec coraux durs
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, c'est un questionnement qui anime en filigrane la rédaction des articles sur ce blog.axé sur la démarche écoystémique en aquariophilie en eau de mer et eau douce. La pratique récifale y est préférentiellement visée tant la gestion des bacs par certains récifalistes s'apparente bien plus à de la "techno-chimie" qu'à de l'aquariophilie. Pourquoi en est-on arrivé là ?
Les coraux durs sont très difficiles à maintenir en vérité !
Il ne fait aucun doute que la course à la technologie et à la chimie ( produits de supplémentation et prophylaxie ) a commencé avec la popularisation de la maintenance des coraux durs, notamment des sps. La vérité est que l'on ne sait pas encore à ce jour maintenir durablement les scléractiniaires de manière naturelle. Si les poissons coralliens s'accommodent tant bien que mal de taux de nitrates, de phosphates et autres excès de certains polluants ( toute proportion gardée bien entendu ) ce n'est pas le cas des coraux durs. La difficulté ( scientifiquement avérée ! ) de maintenir des coraux durs semble totalement occultée par les récifalistes amateurs. Par exemple, les Acroporidae sont parmi les plus difficiles coraux à maintenir en captivité et pourtant il n'est pas un débutant récifaliste, endoctriné sur les réseaux sociaux par les pseudo-aquariophiles "usines à gaz", qui n'introduit pas dans son bac des boutures d'acropora. Ces derniers, à court ou moyen terme finissent toujours par blanchir et nécroser malgré l'investissement financier considérable consenti en matériel et produit par le pauvre récifaliste en herbe. Rappelons que maintenir un animal sauvage avec succès implique son plein épanouissement vital et non seulement sa survie tant bien que mal !
Qui maintient véritablement des coraux durs dans son bac ?
Chez les récifalistes plus expérimentés les résultats concernant la maintenance des coraux durs ne sont pas si exceptionnels que ces derniers le prétendent sur les réseaux sociaux. Car, en vérité, rares sont les photos et vidéos de récifaux qui ne présentent autres choses que seulement des "grosses" boutures de scléractiniaires. Or, il est certain que si un récifaliste n'a jamais autre chose que des boutures dans un bac de plusieurs années, c'est qu'il remplace régulièrement ses coraux morts ! En fait, des bacs présentant des colonies de "gros" coraux largement épanouis sont plutôt rares et ceux que je connais personnellement sont gérés par des "usines à gaz" d'une ampleur telle que la partie technique du circuit d'eau ( contenu dans un local derrière le bac ou en sous-sol ) est plus importante en volume que le bac d'exposition lui-même ! Et croyais moi, les aquariophiles gérant ce type de bac sont parfaitement conscients du non-sens de cette méthode pseudo-aquariophile artificielle. Eux, au moins, sont capables de reconnaître que l'on ne sait pas encore aujourd'hui maintenir en aquarium des coraux durs sans utiliser des moyens dénaturants, donc par conséquent dévoyer le principe essentiel et conceptuel de l'aquariophilie qui est d'imiter la Nature pour mieux l'observer du point de vue esthétique comme écologique.
Les coraux mous et leur écologie
Voici un extrait du livre "Les invertébrés marins" écrit par Peter Wilkens, co-inventeur de la méthode berlinoise et récifaliste maintenant préférentiellement les coraux mous :
Les différents ordres d'octocoralliaires ( NDR : coraux mous ) colonisent les biotopes les plus variés du récif. [ ] Les espèces se développent en grand nombre sur des pans de récis morts où ne survivent que quelques espèces de coraux durs. [ ]. Durant mes voyages d'études vers les lieux où l'on récolte les invertébrés pour l'aquarium marin, j'ai constaté que la présence de certains stolonifères, alcyonaires, mais aussi des corallimorphaires et des zoanthiniaires dépendait de certaines règles écologiques intéressantes. Que ce soit le long des côtes du Kenya ( Mombasa ) très abîmées par les tourismes, sur les côtes rocheuses du Détroit de Malacca menacées par l'énorme trafique maritime [ ] ou dans les récifs endommagés par les forages pétroliers off-shore, les espèces précitées se développement de manière beaucoup plus importante que dans les récifs intacts [ ]. Cette faune riche d'octocoralliaires et d'hexacoralliaires semble s'expliquer par les turbidités organiques et inorganiques qui nourissent en quantité les espèces et de ce fait nuisent au développement des madréporaires ( NDR : coraux durs ). On observe un tel phénomène comparable en mer Rouge [ ] où les coraux mous sont réputés auprès de plongeurs pour la beauté inhabituelle de leur coloration.
Un vrai aquarium récifal avec des coraux mous
Les conditions de maintenance des coraux durs en captivité sont telles que l'intérêt de leur maintien en aquarium "de salon" est fatalement uniquement d'ordre esthétique et technique ; la technicité étant le moyen par lequel on obtient l'effet esthétique, autrement dit l'effet bling bling représenté par ces récifalistes d'apparat ( ceux qui parlent le plus fort sur les réseaux sociaux ! ) qui mesurent leur capacités aquariophiles à la flashitude de leurs coraux boostés aux supplémentations chimiques. Si l'esthétisme suffisait pour qualifier conceptuellement un bel aquarium d'eau de mer, alors un joli poster ou un fond d'écran photoshopé représentant un décor corallien ferait parfaitement l'affaire ! À la lecture des données écologiques exposées plus haut par Peter Wilkens ont se rend compte que les coraux mous se plaisent naturellement dans un aquarium marin correctement créé et géré. Les coraux mous nous permettent de recréer dans notre salon une véritable parcelle de Nature aquatique, avec son écosystème, s'offrant fidélement à l'observation du naturaliste qu'est par principe l'aquariophile authentique. Nous avons donc là, réuni, tous les ingrédients qui qualifient conceptuellement l'aquariophilie.
Faut-il donc alors s'abstenir de maintenir des coraux durs ?
Bien entendu que non il ne faut pas se priver du plaisir de maintenir des coraux durs dans ses bacs ! Seulement, il faut se contenter de rester dans le cadre pratique de l'aquariophilie et laisser les expériences zoologiques aux biologistes marins qualifiés. Les forums et groupes facebook thématisés récifal sont plein de posts témoignant de l'insupportable massacre que subissent les coraux durs ( ce sont des animaux rappelons-le ! ) dans les aquariums de particuliers. Il n'est quasiment pas un jour où un récifaliste ouvre un post pour pleurer sur le sort de ses coraux ( blanchiment, nécrose ) et où les réponses des récifalistes "notables" ( traduisez "virtuellement populaires" ) ont comme solution l'usage d'une technologie à la mode marketing ou d'un nouveau remède chimique miracle. Oui, l'aquariophile peut maintenir des coraux durs dans son récifal mais à condition de choisir uniquement parmi les espèces que l'aquariologie sait déjà maintenir relativement naturellement. Les autres, celles qui nécessitent une "usine à gaz" pour survivre en captivité, n'ont aucun intérêt pour l'aquariophile sinon celui de servire d'objets sacrificiels sur l'autel de son égo ! Il est assurément plus gratifiant du point de vue aquariophile de maintenir naturellement des coraux mous que de maintenir artificiellement en vie des coraux durs !