Le sable vivant dans un aquarium d'eau douce

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Si la notion de sable vivant est bien connue en aquariophilie d'eau de mer et en récifal en particulier, elle reste quasiment inconnue en aquariophilie d'eau douce. Or, la microfaune benthique ( qui vit sur ou dans le substrat ) fait partie intégrante d'un écosytème aquatique dulcicole ( d'eau douce ). Bien entendu on doit exclure de cette population toutes les espèces présentant une phase adulte volante. Reste un nombre incroyable d'organismes susceptibles de coloniser le substrat d'un aquarium d'eau douce, notamment les vers nématodes libres ( rien à voir avec les nématodes parasites ! ), les gastérotricheses, les oligochètes, les rotifères, les petits crustacés, copépodes, isopodes, cladocères ou ostracodes, et j'en passe. Toutes ces espèces de petites bêtes, outre qu'elles offrent à l'aquarium un intéret naturaliste supplémentaire, participent du fonctionnement de l'écosystème en occupant chacune un rôle précieux dans le traitement des déchets habituellement dirigés vers le filtre dans les aquariums artificiellement gérés. 

Le lit de sable épais, une niche écologique

Dans la nature les espèces de microfaune benthique habitent les niches écologiques riches en matières nutritives. Dans un aquarium d'eau douce ces matières nutritives sont principalement constitués par les restes de nourriture des poissons et leur déjection, la décomposition des végétaux et les animaux et micro-organismes morts, infusoires et les bactéries. Le sol d'un aquarium d'eau douce peut être considéré comme vivant dès qu'il contient à la fois sa microfaune benthique et les matières organiques qui la nourrissent. Si la population de microfaune d'eau douce doit être importée à partir d'une souche riche en quantité et qualité spécifique, la matière organique, elle, enrichira rapidement le sable d'un aquarium peuplé ( poissons et plantes et/ou algues ) non filtré. Au fur et à mesure de la maturation de l'aquarium ce sable sera naturellement complété en surface par du mulm, c'est-à-dire l'équivalent aquatique de l'humus terrestre. La définition du mulm comparant ce dernier à une boue gluante est absolument erronée ; il suffit de voir se soulever les particules de mulm dans la colonne d'eau sous l'effet d'un banc de corydoras qui farfouillent pour constater que ce substrat très fertile n'a rien d'une boue.

J'ai aussi entendu ça et là des détracteurs des méthodes aquariophiles écologiques assimiler le mulm à de la vase puante. Ces derniers ignorent que l'envasement résulte de l'accumulation de déchets organiques imparfaitement dégradés et que le but d'un aquarium-écosystème est précisément de boucler le cycle de traitement des déchets. De fait, la formation de vase dans un tel aquarium témoignerait d'un disfonctionnement de l'écosystème aquatique reconstitué... À moins que la volonté de l'aquariophile soit résolument de créer un biotope de vasière ou de mare aux canards stagnante je ne vois pas comment peut se former de la vase dans un aquarium équilibré ? D'ailleurs cela ne s'est jamais produit chez moi en 35 ans d'aquariophilie

Particularité du lit de sable vivant en aquarium d'eau douce

Sauf en ce qui concerne les biotopes lacustres ( Malawi par exemple ) dont le lit de sable épais peut être exactement conçu comme en aquariophilie marine, la différence fondamentale entre le sable vivant d'un récifal et celui d'un aquarium d'eau douce réside dans sa maturation. Si le matériau sableux en eau de mer suffit en l'état à l'implantation et la colonisation d'une souche de population de microfaune ce n'est pas le cas en eau douce où il est préférable, dans un aquarium neuf, d'ajouter sur le sable quelques feuilles mortes à dégradation rapide ( comme les feuilles de chêne par exemple ). Certaines d'entre-elles peuvent être grossièrement émiéttées pour reproduire immédiatement la niche écologique préférée de la microfaune d'eau douce. Pour que les feuilles coulent rapidement il suffit de les faire bouillir quelques minutes. Cette opération retirera aussi une certaine quantité des tanins qui ont tendance à donner un ton ambré à l'eau de l'aquarium. Sachez toutefois que l'eau de très nombreux biotopes d'où proviennent les poissons tropicaux d'eau douce, notamment en Asie et en Amérique du sud, est naturellement brunâtre. Dans tous les cas une poche de charbon actif posée dans un coin discret de l'aquarium aura tôt fait de rendre l'eau claire. Sachez aussi que le pouvoir acidifiant que l'on prête aux feuilles de chêne est négligeable, à moins d'en mettre une quantité énorme et de baisser chimiquement le pouvoir tampon de l'eau ( alcalinité ).  

Conclusion

Vraiment, mise à part les éventuels problèmes que l'on voit finalement uniquement exposés que par des aquariophiles ignorants ( du moins des méthodes naturelles ), il n'y a aucune raison de se priver du plaisir naturaliste qu'apporte l'observation d'un aquarium-écosystème avec un sable vivant de microfaune !

Post-scriptum :

J'allais oublier le fameux problème ( fameux sur les forums aquariophiles ! ) de la formation de sulfure d'hydrogène dans un lit de sable vivant épais. D'abord, il faut préciser que ce phénomène implique la présence d'une zone de sable absolument privé d'oxygène ( anaérobie ) ; comme on a aucune raison en eau douce de mettre en place des lits de sable de 20 cm d'épaisseur5 ou 6 cm suffisent ) il n'y a aucune raison biochimique que cela se produise. De plus, à la présence de la microfaune qui aère le substrat s'ajoute celle du réseau racinaire des plantes aquatiques. Encore une fois je dois dire que je n'ai jamais été confronté personnellement à ce problème...