Faut-il nourrir la microfaune-macrofaune en récifal ?
- Le 01/05/2017
- Dans La microfaune en aquarium récifal
Faut-il nourrir la microfaune-macrofaune en récifal ?
Cet article s'adresse surtout aux récifalistes gérant des bacs très artificialisés. Si votre bac est écosystémique ( maintenance écologique ), reportez-vous plutôt directement à cet article plus récent : Faut-il nourrir la microfaune dans un récifal ?
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Après la prédation, la seconde cause de la disparition de la microfaune dans un aquarium récifal est la sous-nutrition. Imaginez que dans un bac écologiquement équilibré, chaque petit trou dans chaque pierre est occupé par une mini-ophiure, un gammare, un vers... Et ne parlons pas des interstices d'un lit de sable épais ! Certains aquariophiles considèrent à tord que les détritivores peuvent se contenter des restes de la nourriture distribuée aux poissons. La biomasse des détritivores, quand bien même on la réduirait aux plus gros crustacés, gastéropodes comme les nassarius, vers et échinodermes, dépasse en volume "consommateurs" largement celle d'un poisson comme un zebrasoma flavescens.
Je nourris régulièrement à la pince quelques gros vers polychetes ( 25 cm de long et larges comme des stylo-plumes ) avec de gros fragments d'algues nori préalablement imbibées de jus de moules ou d'huîtres. Notons en passant que ces animaux généralement craintifs et detestés par beaucoup de récifalistes sortent de leurs cachettes pour venir chercher à découvert cette nourriture dont ils raffolent. Est-ce pour cela qu'ils ne touchent à rien d'autres dans leur bac ? Je peux vous affirmer qu'un gros vers est capable d'avaler en une bouchée un carré de nori de 6 cm sur 6. Quant aux petits ophiures dont les tentacules dépassent des pierres et aux gammares, ils réduisent à néant en quelques minutes un petit morceau de chair de crevette quand ils parviennent à s'en saisir avant les poissons. Ne parlons pas des gourmandes crevettes et des groinfres de nassarius.
Sans même avoir besoin de se déplacer sur les récifs du Pacifique, il suffit de fouiller une retenue d'eau sur l'estran du littoral atlantique pour remarquer la quantité de morceaux d'algues mortes, d'escargots et de crustacés morts pour évaluer le garde-manger de ces animaux. Bien entendu il n'est pas question d'en arriver là dans nos aquariums. Seulement, entre l'abondance de nourriture dans la nature et les quelque millettes sur lesquelles nous comptons pour alimenter la macrofaune il y un juste milieu que chacun doit déterminer raisonnablement.
Les détritivores n'ont-ils pas justement pour fonction dans nos aquariums d'éliminer les excédents de "bouffe" ? Certes oui, mais encore faut-il qu'il y en ait ! La phobie des phosphates et nitrates, que la mode des récifaux full sps a exacerbée ces 15 dernières années, incitent les récifalistes à nourrir juste ce qu'il faut pour que rien ne soit laissé par les poissons et c'est très facile d'y parvenir, d'autant plus si des planctonophages capables de détecter la moindre infime particule de nourriture composent la population piscicole. Dans ce cas, pourquoi donc héberger des détritivores omnivores ? N'est-il pas plus raisonnable de se contenter des mollusques brouteurs d'algues ?
Si la macrofaune ne trouve pas de reste à manger, imaginez le sort de la microfaune par conséquent privée de matières organiques parcellement dissoutes. Reste les fèces des poissons qu'elle peut consommer. Oui, sauf que les récifalistes qui sous alimentent leurs bacs sont souvent les mêmes qui le sur-épurent et le sur-filtrent. Comment peuvent-ils ensuite s'étonner et déplorer la pauvreté de leur microfaune ?
Cela est très bien, mais comment fait-on alors pour ne pas polluer son bac si on nourrit la microfaune-macrofaune à sa faim ? Et bien, on fait exactement la même chose pour cette dernière que pour les poissons : on la nourrit de ce qu'elle peut consommer, ni plus ni moins ! Comment détermine-t-on la quantité que la microfaune-macrofaune peut consommer sans en laisser ? D'abord, à moins de verser en une seule fois une boîte entière de perles alimentaires, le risque de polluer un bac, en augmentant légèrement et progressivement la quantité de nourriture dans un bac équilibré est faible, pour ne pas dire nul ; croyez-moi, la population de microfaune-macrofaune va très vite s'adapter à cette manne en multipliant très rapidement ses effectifs. Ensuite, si vous ne connaissez pas assez bien votre propre aquarium, vous n'avez qu'à tester l'évolution des phosphates et des nitrates.
Que les choses soient claires, si votre défi permanent est de conserver un milieu absolument oligotrophe, ce qui n'est nécessaire que dans certains types de récifaux full sps hyper exigeants, vous devez renoncez purement et simplement à l'idée d'un écosystème et à la microfaune ; par conséquent votre question "faut-il nourrir sa microfaune en récifal ?" ne se pose plus !
Coup de gueule opportun :
Pourquoi donc un aquarium full sps délicats ne peut-il pas être un écosystème ? À l'heure où j'écris cet article je ne connais aucun de mes "amis" récifalistes qui ne sachent encore comment parvenir à conserver durablement en vie les coraux les plus exigeants sans les maintenir "sous perfusion" et dans un milieu "aseptisé". Jamais ces avisés récifalistes de l'extrême n'auraient l'impudence de prétendre gérer de véritables écosystèmes.
La plupart de ces coraux fragiles sont à portée des portefeuilles de débutants en aquariophilie et de récifalistes ignorants mais orgueilleux ! Nécroses, blanchiments, blanchissements... ben pourquoi ? qu'ils se demandent les gars sur les forums, l'unique source où ils puissent sans trop d'efforts intellectuels leurs informations. Mais pourquoi donc s'obstinent-ils à maintenir ces coraux ? Il y en a tant d'autres aussi beaux. J'avoue être parfois choqué par ce massacre de vivant. Voilà c'est dit... Mais je sens que je vais faire de ce sujet un prochain article complet.
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