Récifal : Les bactéries c'est magique ; les antibiotiques c'est pas systématique ! 

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Les bactéries en récifal c'est magique, donc les antibiotiques c'est pas systématique !

   J'accorde à l'expérience pratique une importance essentielle car les livres et les théories ne feront jamais à eux seuls un authentique aquariophile marin. En revanche, j'ai toujours été conscient que je n'inventais rien et que tout ce que je constatais de manière empirique était finalement explicable scientifiquement. Ainsi en est-il du constat qu'un bac récifal, tout comme un aquarium d'eau douce, peut être démarré bien plus rapidement que l'affirme la "théorie populaire virtuelle" ( celle qui circule sur les réseaux sociaux ) et que la pauvreté bactérienne d'un récifal est certainement à l'origine de beaucoup plus de problème de maintenance que l'on peut bien se l'imaginer.

S'il est un biologiste marin qui ait fortement insisté sur le rôle fondamental des bactéries dans un aquarium d'eau de mer, c'est bien Frank De Graaf, ancien conservateur du célèbre aquarium du zoo Artis d'Amsterdam. Après lui les auteurs de livres d'aquariophilie marine auront surtout en fait mis l'accent sur la maintenance artificielle et le matériel higt tech, ce qui explique aussi pourquoi beaucoup de nouveaux récifalistes gèrent leur bacs sans parfois avoir la moindre idée de son écologie naturelle. Oui, on peut conduire une voiture sans rien connaître au principe dynamique de sa motorisation ( c'est ce qu'un récifaliste higt tech extrême m'a dit un jour de manière ironique ). Je n'ai pas contesté sa qualité de récifaliste à cette personne, puisqu'en effet il a bien un aquarium récifal ; par contre j'ai refusé de le considérer comme un aquariophile... Mais bien entendu il n'a pas compris pourquoi ! 

La parole donc à cet éminent biologiste marin, Frank De Graaf

" Lorsque l'installation est récente, un aquarium d'eau de mer ( naturelle ou artificielle ) et son filtre contiennent un nombre de bactéries trop limité pour assurer la décomposition des matières organiques présentes. L'aquarium rempli d'eau de mer artificielle peut même être considéré comme stérile. Il est dès lors nécessaire de l'ensemencer pour ainsi dire avec de l'eau provenant d'un aquarium en parfait état de fonctionnement ou à partir d'un filtrat de terre de culture. Ainsi, les bactéries indispensables sont acquises.Mais pour que s'établisse l'équilibre qualitatif ou quantitatif requis entre les différentes espèces, il faut encore laisser le temps aux différentes espèces de bactéries de se développer et de se répartir en nombre et en proportion tels que la décomposition des matières organiques soit optimale. [ ]

Cette opération nécessite entre 10 et 14 jours quand la température est de l'eau est de 20 à 24° C. Bien qu'après 14 jours on ne puisse pas encore considérer la maturation comme terminée elle est suffisante pour permettre l'introduction de quelques poissons. En fait la maturation peut exiger jusqu'à 3 mois. [ ] toutefois l'écumeur et l'ozonisateur éventuels ne doivent pas être utilisés, car ils élimineraient par oxydation une parties des matières organiques sans que les bactéries interviennent. [ ] 

Selon les travaux de Kawai et de ses collaborateurs ( 1964 ) les bactéries responsables de la transformation en nitrites atteignent la densité de population maximum dans le sable des filtres ( NDR : entendez l'emploi du sable comme masse filtrante dans une décante à compartiment )  en un mois environ, tandis que les bactéries responsables de la transformation en nitrates atteignent ce maximum après deux moins environ. [ ] Il est impossible de conserver un aquarium en bon état de fonctionnement sans elles ( NDR : les diverses bactéries utiles )."

Que retenir de cet extrait fort intéressant ? 

D'abord, et j'en avais déjà parlé par ailleurs, l'état de la population de bactéries est vraiment ce qui détermine la durée de rodage d'un aquarium, en l'occurence ici un aquarium d'eau de mer. Un délai d'environ 15 jours seulement suffit entre la mise en eau d'un bac et l'ajout des premiers poissons. Dans le cas des implantations d'aquariums "clé en main", chez des particuliers riches et capricieux, pour qui un aquarium est un objet de décoration comme un autre qui doit s'acquérir au gré des désirs et immédiatement, l'installation technique du bac et celle de son contenu en vivant ( coraux et poissons ) se font dans la même journée ! En vérité il n'y à là rien de si étonnant que cela ; c'est en fait la même procédure que celle employée lorsque nous devons transferer nos bacs lors d'un déménagement. Plus l'aquarium est biologiquement neuf plus la période de rodage sera longue. Mais peut-on par exemple parler d'un récifal "neuf" lorsque on y introduit plusieurs seaux de pouzzolane colonisée en bactéries depuis plusieurs mois dans un bac mature ? Attention toutefois de ne pas confondre ici population bactérienne et population de microfaune ! La vitesse de prolifération des bactéries est infiniment plus rapide que celle par exemple des vers fouisseurs nécessaires au bon fonctionnement d'un DSB ( lit de sable épais ). Vous remarquerez en passant que F. De Graaf prévient de l'utilisation de matériel qui privent logiquement les bactéries de nourriture... 

Attention, mon intention n'est en aucun cas de "pousser" les nouveaux récifalistes a brusquer les choses et à peupler trop rapidement leur bacs ; il sera toujours plus prudent, moins risqué, d'attendre aussi longtemps que la patience le permet ( 3 mois cela suffit en général ) pour peupler progressivement son bac en poissons. Ce que je voulais souligner une fois de plus, peut être pour essayer de rattraper 20 ans de négligence pédagogique à ce niveau, c'est l'énome importance des bactéries utiles en récifal !  des bactérie vivantes et fraîches cela va de soi pour moi

Une info très importante sur le rapport bactéries/éclairage en récifal

En marge de l'extrait ci-dessus ( ( page 44 de son livre l'Aquarium marin tropical, édition Bordas 1981 ) , Franck de Graaf affirme ceci : 

"les bactéries Nitrosomonas et Nitrobacter ( NDR :  celles dont il était question dans le premier extrait ) ne supportent pas la lumière quand elle a une longueur d'onde inférieure à 450 mn".

Quand on sait que la lumière émise par des tubes supra actiniques a une longueur d'onde de 420-430 nm environ et celle des tubes actiniques 350-370 nm on peut s'interroger n'est-ce pas sur certaines problématiques d'épurations que rencontrent certains récifalistes. Sachez qu'un tube bleu "normal" émet une lumière en moyenne entre 440 mm et 500 mm de longueur d'onde, ce qui est acceptable. Bien entendu les autres couleurs d'éclairage ( lumière rouge : env 650 nm , lumière jaune env : 580 mn, etc. ) compense et équilibre la longueur d'ondes globales. Néanmoins, on peut s'interroger sérieusement sur l'état de la population bactérienne des bacs traités en permanence par des lampes UV ( 250 mm en moyenne ! ). Comment certains récifalistes peuvent-ils croirent, comme leur racontent les fabriquants et revendeurs de lampes bactéricides, que ces dernières ne tuent ou ne perturbent la vie que des méchantes bactéries... Ben voyons... et les antibiotiques c'était pas systématique avant ?  

 

 

 

 

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