Récifal : Microfaune-macrofaune détritivore et indésirables
- Le 03/05/2017
- Dans La microfaune en aquarium récifal
Récifal : Microfaune-macrofaune détritivore et indésirables
"Indésirable, il faut vite l'exterminer de ton bac avant qu'il ne soit trop tard !" qu'il a dit, UltraMéga-récifaliste3027, sur le forum.
Jusqu'à présent nous avons surtout parlé sur ce blog de l'utilité, du rôle essentiel de la micro-microfaune dans un aquarium d'eau de mer récifal, un rôle de détritivore. Mais l'intérêt de ces derniers ne s'arrête pas à leur fonction. À l'instar du naturaliste que la passion incite à scruter l'écorce d'un tronc d'arbre, explorer une vielle souche, gratter la surface de la terre, fouiller les brins d'herbe ou les feuilles mortes sur le bord d'une mare ou retourner une pierre sur l'estran, l'aquariophile passionné du milieu aquatique ne pourra longtemps se contenter d'une vision panoramique de son aquarium.
Beaucoup de ces récifalistes appréhendent la valeur de leur récif de salon qu'au regard de sa population piscicole et corallienne ; de fait, quand ils atteignent les limites de ce que leur récifal peut contenir en poissons et coraux, ils ressentent une certaine lassitude. Pour conserver la motivation suffisante à l'entretien basique de leurs aquariums récifaux, il leur faut sans cesse ajouter un nouveau poisson ou une nouvelle bouture de corail. Si l'assouvissement de ce besoin ne peut se faire à travers des échanges - qui soit dit en passant freinent sans cessel'évolution du bac vers la stabilté biotique - il conduit inéluctablement à la surpopulation et aux mauvaises conséquences que cela engendre tôt ou tard.
Qui ne s'est pas enfant agenouillé devant un fourmilière et n'a pas eu l'attention retenue par son animation ? Il est vrai que j'ai connu pas mal de copains dont la première idée en voyant un insecte était de poser le pied dessus pour l'écraser. Devenu un peu plus grands, ce sont les nids d'oiseaux qu'ils s'empressaint de mettre à sac, oeufs et oisillons compris ! Aujourd'hui, certains d'entre-eux sont peut-être justement ces récifalistes à la vision réduite ? Ces récifalistes qui, en voyant dans leur bac une espèce non-identifiée, ont immédiatement ce mot à la bouche : Indésirable !
Avez-vous lu comme moi des récifalistes qui racontent comment ils ont dû démonter leur décor pour attraper et massacrer un... vers polychete innofensif. Il est vrai qu'il n' y a jamais eu autant de méchants vers eunices dans les aquariums que depuis qu'un article sur le net a parlé d'un récifaliste qui avait découvert dans son bac un Eunice aphroditois de 120 cm ( ou quelque chose qui lui ressemble ! ) ; c'est à croire que ces vers, à l'image des humains clandestins aux frontières grimpant dans les camions, "sautent" dans les pierres vivantes d'élevage prêtent à l'exportation. Pour la petite histoire, j'héberge depuis des années un Eunice torquata, d'une petite longueur de 15 cms ; mise à part sortir la moitié de son corps la nuit pour balayer sa pierre de ses appendices à la recherche de sa pitance, ce détritivore vit sa vie de détritivore. Bon, normalement, s'il a bien appris ce que l'on dit de lui sur les forums, il devrait bientôt se transformer en monstre sanguinaire et bouffer tous les poissons et coraux de son bac ! J'ai parlé aussi par ailleurs sur ce blog de gros vers Eurythoe que je nourris de nori à la pince.
De la taille de ces espèces qui se mesurent en centimètres jusqu'au celle qui se mesure en milimètres, il peut y avoir dans un récifal une multitude d'animaux qui ne sont ni des poissons ni des coraux ! L'observation de ces espèces a largement de quoi occuper le récifaliste que la vision panoramique de son aquarium commence à ennuyer. Certes, il y une différence entre un copépode tout mignon parce qu'il reste petit et un vers annélide pouvant mesurer plusieurs mètres de long. D'abord, avec des milliers d'espèces de ces vers, faut-il avoir la malchance de tomber sur le faible pourcentage d'entre elles qui dépassent les 10 cms. Ensuite, il faut au moins être capable de maintenir son récifal pendant de nombreuses années pour qu'un de ces "vers géants" atteigne une taille incompatible avec celle de l'aquarium. Pour finir, avant que ce pensionnaire devenu malgré lui "indésirable" est atteint la taille limite supportable, l'aquariophile naturaliste, et donc observateur, aura eu mille occasions de l'extraire de son récif !
Tout cela pour dire qu'il est dommage de se priver de la plus-value naturaliste que peut apporter une riche et variée microfaune-macrofaune détritivore. Autant effectivement une même population de poissons ou de coraux entretenue longtemps peut lasser certains aquariophiles, autant il faudrait plus d'une vie entière pour "faire le tour" des spécificités et des comportements de la population de détritivores. Les indésirables, les vrais, ceux qui ne sont pas désignés ainsi seulement à cause de leurs aspects physiologiques sont rares en récifal. Mise à part les parasites qui ne peuvent pas faire autrement que de parasiter, bon nombre de détritivores ne deviennent Persona non grata que par nécessité nutritionnelle. N'est-il pas tentant quand on est un crabe alguivore dans un aquarium sans algues de goûter un petit polype de corail et de finir par en aimer le goût ? N'est-il pas excusable quand on est un gros "vers de feu" affamé d'avoir envie d'avaler ce petit gobie qui dort tranquillement dans faille rocheuse ?
Débutants en aquariophilie d'eau de mer pas de panique ! Prenez le temps d'élargir vos recherches ( sur les sites de biologie marine par ex ) quand quelqu'un vous crie hâtivement : "Indésirable, il faut vite l'exterminer de ton bac avant qu'il ne soit trop tard !"