Souches de sable vivant pour ensemencer un récifal DSB
- Le 15/05/2017
- Dans La microfaune en aquarium récifal
Au regard des questionnements que je reçois par mails, il y a manifestement une inadéquation entre le peu de pratiquants de la méthode DSB en récifal s'exprimant sur les forums aquariophiles et le nombre de débutants qui s'y intéressent en vérité. Ce constat corrobore le fait que ces derniers sont généralement et arbitrairement disuadés d'adopter cette méthode de maintenance par des récifalistes qui ne l'ont jamais expérimetée concrètement. Parmi les arguments fallacieux avancés par ses détracteurs il y en a toutefois un qui est assurément vrai, à savoir la difficulté, voire l'impossibilité, de se procurer en Europe du sable vivant véritable pour DSB. On comprend mieux alors pourquoi la méthode DSB est largement plus prisée Outre-Atlantique où il est facile d'acheter dans les pet-shop du sable vivant "frais" provenant des côtes tropicales américaines.
En effet, les vers fouisseurs, qui sont les animaux absolument indispensables pour le bon fonctionnement d'un lit de sable épais, sont introuvables en "kit"dans nos contrées tempérées ; les quelques boutiques américaines proposant en ligne ce genre de kit d'ensemencement spécial DSB refusent d'exporter leur produit vers l'Europe ( durée de transport trop long et frais de port trop élevés ). Ce défaut d'approvisionnement est probablement la seule cause valable qui peut expliquer le faible pourcentage de récifalistes DSB en France et en Europe en général. La plupart des espèces de vers fouisseurs utile au DSB sont inféodés au substrat sablonneux et il est donc illusoire d'espérer les acquérir via les pierres vivantes importées.
Moi-même, lorsque j'ai commencé mes premiers récifaux épurés par des lits de sable épais, j'ai dû me débrouiller pour importer du sable vivant ( de qualité à l'époque ) de la côte Ouest du continent américains. Il aura toutefois au moins fallu plus de 5 ans pour que la population de vers fouisseurs de toutes espèces récupère quantitativement du taux de mortalité élevé pendant un si long voyage. Aujourd'hui, je peux me flatter ( il le faut bien de temps en temps ! ) de disposer dans mes bacs de plusieurs centaines de kilos de sable vivant ( sable coquillier + sable siliceux ) digne, en population de vers fouisseurs, de celui dont dispose les récifalistes DSB américains. Il est dit aussi tellement de bêtises sur le sable siliceux ( quartz ) en récifal que je rédigerai probablement plus tard un article sur le sujet ; ce ne sont pas les commerçants de sable "spécial aquarium d'eau de mer" qui le feront à ma place, n'est-ce pas ?
L'idéal pour ensemencer un lit de sable épais inerte est de trouver un récifaliste qui accepte de fournir une poignée du sable de son DSB. Pas si facile que cela ! D'abord, nous l'avons dit, les aquariophiles marins adoptant la méthode DSB ( ou Jaubert ) ne sont pas légion en France. Ensuite, il faut encore que ces récifalistes puissent prélever du sable en profondeur dans leur aquarium sans perturber le décor et l'équilibre du lit de sable lui-même. Et puis, il faut tout de même une grosse poignée de sable pour espérer collecter un maximum d'espèces de vers fouisseurs et en conserver un nombre de vivants important pour ensemencer relativement rapidement un lit de sable épais inerte ( 3 mois minimum ). Il faut 500g de sable vivant trempant complétement dans de l'eau de mer riche en bactéries et en microfaune benthique, soit un poids total d'environ 1 kg pour ensemencer correctement un DSB ; cela fait bien plus qu'une simple poignée !
L'un des inconvénients des vers fouisseurs tropicaux par rapport au reste de la macrofaune est la durée de leur phase larvaire, qui peut atteindre 20, voire 30 jours. Cette longue phase larvaire en eau libre réduit bien évidemment les chances ( prédation, parfois écumage en récifal "Jauberlinois" ) que les vers, à terme, rejoignent en nombre satisfaisant le sable où ils vivront leurs vies d'adultes. Un deuxième inconvénient majeur est la très faible résistance des vers fouisseurs à l'extraction de leur niche écologique. Autrement dit le transport des vers fouisseurs adultes pour DSB en dehors du sable vivant immergé est presque voué à l'échec au-delà de 24 heures, voire moins ; pour une raison que j'ignore, les vers fouisseurs se "vident" littéralement dans ces conditions. Le dernier inconvénient, et non des moindres, est le mouvement des grains de sable à l'intérieur d'un sac lors des manipulations "brutales" par les transporteurs ; les vers adultes se trouvent alors blessés voire broyés.
Depuis le temps que des "amis" éloignés géographiquement me demandent des poignées de sable vivant pour ensemencer leurs bacs DSB j'ai pu expérimenter plusieurs modes de prélèvement et de transport et finir par trouver celui qui convenait parfaitement. D'abord je prélève du sable dans des bacs d'élevage contenant des vers pénétrant nouvellement le substrat, tout à la fin de leur phase larvaire planctonique. Ces vers microscopiques sont infiniment moins gourmands en oxygène que les adultes et ils résistent donc sans problème à la durée d'un transport par la Poste ( 48-72 heures ). Ensuite, plutôt que des sacs comme ceux destinés aux poissons en animalerie, j'utilise une bouteille de 50 cl que je remplis avec un entonnoir large de sable vivant que je compléte avec de l'eau de mer de mes élevages de microfaune. J'allais oublier : lors du remplissage il faut impérativement alterner sable et eau de mer de façon à ce que l'ensemble du sable vivant soit densément immergé. La rigidité de la bouteille emplie de sable limite au maximum le roulage des grains. Le goulot étant trop étroit pour vider le sable de la bouteille à réception il suffit de la couper avec un cutter ou un couteau et de verser son contenu sur le sable inerte dans l'aquarium.
Peut-être cet article pourra servir à des récifalistes DSB désirant "dépanner" en sable vivant des débutants. Je suis un fervent défenseur des lits de sable épais en récifal et je trouve dommage que certains nouveaux venus en aquariophilie d'eau de mer doivent renoncer à la méthode DSB par défaut de trouver une souche de vrai sable vivant pour ensemencer leur lit de sable.
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