Réaliser un aquarium écologiquement autonome
- Le 27/07/2017
- Dans La vie de la boutique d'Aquamicrofaune
Un aquarium naturel écologiquement autonome ?
Quel aquariophile d'eau douce ou d'eau de mer n'a pas rêvé de réaliser un aquarium autonome dont l'écosystème serait a tel point équilibré qu'il fonctionnerait comme le biotope aquatique sauvage qu'il tend à représenter ? Ce rêve n'a cessé de m'accompagner depuis mes tout débuts en aquariophilie, il y a plus de 35 ans ! J'en ai même fait l'objet d'une recherche qui n'aura jamais eu de cesse jusqu'à ce que mes aquariums tests récifaux et d'eau douce aient suffisamment mûri pour me prouver que ce rêve était partiellement devenu réalité.
Depuis bien longtemps j'ai su qu'un authentique aquarium naturel devait, pour fonctionner durablement et être aussi beau qu'un aquarium high tech artificiellement et chimiquement géré, héberger les mêmes populations de bactéries, de micro-organismes et de microfaune qu'un écosystème aquatique sauvage, sauf les indésirables et parasites bien sûr ( encore faudrait-il s'entendre sur les "bestioles" qui entre véritablement dans cette catégorie a-priori maudites ! ).
J'ai aussi compris très tôt que l'industrie aquariophile, pour des raisons économiques, stratégiques et logistiques, ne proposerait jamais ce cheptel biologique sur son marché. Le seul moyen de disposer de ces populations de microfaune utile était de trouver des souches et de les développer jusqu'à pouvoir en disposer au besoin. Je suis tellement allé loin dans ce processus que j'ai pu dernièrement répondre favorablement aux aquariophiles qui m'ont incité à créer une boutique spécialisée en microfaune. Il n'y a que cinq produits dans cette "petite" boutique aquariophile et pourtant il s'y trouve absolument tout ce qu'il faut pour créer un aquarium d'eau de mer ou d'eau douce naturel autonome.
Mais qu'est-ce donc en fait qu'un aquarium autonome ?
Il s'agit bien entendu d'un autonomie toute relative qui ne s'applique qu'à l'écosystème et non à l'appareillage matériel. Personnellement j'appréhende l'efficience de cette autonomie relativement aux contraintes que m'impose la gestion routinière d'un aquarium ; moins j'ai besoin d'intervenir dans un bac plus je considère logiquement ce dernier comme autonome. Dans un aquarium d'eau douce équilibré biogéochimiquement et trophiquement il est possible de ne pas intervenir dans le milieu pendant des semaines... juste l'ajout d'eau ( évaporation ) et l'élagage des plantes flottantes s'imposent impérativement ( risque d'eutrophisation par manque de lumière dans l'aquarium). Cette opération est souvent l'occasion de découvrir des alevins de poissons ovipares réputés difficile à reproduire en captivité. En récifal l'autonomie est bien plus réduite du fait du besoin de compenser l'augmentation de la salinité due à l'évaporation.
Les poubellariums d'intérieurs et le no tech en eau douce?
Autant je suis un inconditionnel de la maintenance low tech ( limiter le matériel au strict nécessaire ) autant je suis réservé quant à la viabilité des véritables poubellariums intérieurs fonctionnant sans éclairage artificiel. Le peu de ces bacs "extrême-no tech" que j'ai pu voir de mes yeux présentent une plantation, certes vivantes, mais bien loin d'être représentative de la luxuriance végétale des milieux aquatiques d'où proviennent la majorité des poissons de nos aquariums ( les poissons lacustres mis à part ). Même si les plantes sont, dans le milieu naturel, bien souvent recouverte de sédiments, elles n'en restent pas moins en pleine santé et vigoureuses. Pourquoi ? Parce qu'elles bénéficient d'une intensité lumineuse ( ensoleillement tropical ) que seules les lumières artificielles peuvent tenter d'imiter en milieu captif ; la lumière du jour provenant d'une fenêtre est vraiment un minimum vital pour les plantes qui sont un des pilier biologique de l'aquariophilie d'eau douce ; la lumière artificielle est un plus indéniable !
Conclusion
Que cela soit en eau douce ou d'eau de mer, l'aquariophile désirant un aquarium le plus écologiquement autonome possible doit raisonnablement mesurer ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. La pratique d'une aquariophilie écologique n'a rien à voir avec du militantisme politique ; il s'agit simplement de l'expression d'une philosophie naturaliste. On ne choisi pas ce type d'aquariophilie dite low tech par souci d'économie, d'idéologie écolo réactionnaire mais parce que le principe même de l'aquariophilie est de reconstituer le plus fidèlement possible un écosystème sauvage en milieu fermé !