Le récifal autonome, une question de débutants
- Le 28/02/2020
Le récifal autonome, une question de débutants
Parmi les termes clés conduisant d'un moteur de recherche au site d'Aquamicrofaune celui de "récifal autonome" revient très souvent. L'aquarium récifal autonome est une aspiration de nombreux débutants en aquariophilie d'eau de mer. Ce désir est-il aussi utopique que l'affirment certains récifalistes ? Ne se cache-il pas derrière cette demande une tendance aquariophile que le mot "autonome" peine à exprimer véritablement ?
Un débutant récifaliste qui cherche autre chose
On pourrait penser au premier abord que l'aquarium autonome désigne forcément un bac sans équipement technique ou presque ( low tech ) mais il suffit de creuser un peu le sujet à travers quelques échanges sur le service de Conseil en ligne gratuit Aquamicrofaune pour se rendre compte que le mot "autonomie" exprime en fait chez le débutant un désir de naturalité fonctionnelle. Très rapidement la question de l'aquarium récifal autonome en vient à se résumer ainsi : Est-on obligé d'utiliser plein d'appareils compliqués pour faire un récifal qui fonctionne bien ? Par expérience, je sais très bien que le débutant qui se pose cette question à en tête les systèmes de maintenance que l'on nomme dans le milieu récifaliste des "usines à gaz" et qu'il n'a pas envie de ce genre de bacs.
La découverte d'une autre dimension dans l'univers récifal
La promotion des bacs hyper équipés matériellement et hyper assistés chimiquement est telle sur les réseaux sociaux que le débutant peut croire que l'usine à gaz est le seul type de récifal existant. Ce n'est qu'en osant taper expressément sur Google un terme aussi explicite que "récifal autonome" que le débutant récifaliste a des chances de découvrir l'existence de toute une communauté d'aquariophiles maintenant des bacs récifaux sans utiliser tout un arsenal technologique et chimique. Le débutant découvre aussi du même coup que cette communauté n'est pas constituée d'illuminés prônant naïvement l'idée d'un aquarium récifal qui tournerait tout seul, sans l'homme. Représenter au mieux un biotope sauvage dans un aquarium est un but scientifiquement raisonné, pas une utopie libertaire jouant sans limite avec le vivant !
L'aquarium récifal autonome raisonné
Quand on parle ici d'autonomie on entend finalement "naturalité contrôlée". L'aquarium récifal écosystémique est autonome par rapport à l'aquarium "usine à gaz". Si ce dernier est animé ( du latin animare, donner la vie ) de l'extérieur, via l'artificialité de son équipement technologique et chimique ; l'aquarium autonome lui est en revanche animé intrinsèquement, autrement dit "il fait sa vie". Mine de rien la nuance change absolument tout au mode de pratique aquariophile. L'un est résolument matérialiste l'autre est résolument naturaliste. Il est très facile de reconnaître les récifalistes matérialistes sur les réseaux sociaux... ils ne parlent quasiment toujours que du matériel qui entoure leur bacs et ne considèrent l'intérieur de leurs bacs ( le vivant ) que comme le reflet témoin de l'efficacité ou non du "matos". Bien entendu il ne s'agit pas ici de remettre en cause la nécessité de la technicité en aquariophilie mais de mettre en avant l'existence de deux philosophies récifalistes difficilement conciliables. D'un côté l'aquariophile qui apprécie son bac au regard de la performance de l'appareillage technologique, de l'autre l'aquariophile qui appréhende chaque moyen artificiel de gestion comme un obstacle à la contemplation de son aquarium.
Le récifaliste et son "gros tracteur"
Finalement cette opposition aquariophile a des racines profondément existentielles ; il s'agit vraiment d'une histoire d'état d'esprit qui dépasse probablement le seul cadre de l'aquariophilie. Il est des récifalistes que je vois toujours en train de présenter leur nouveaux achats de matériel et qui, mise à part en exposer l'esthétisme en arrière plan, ne parlent jamais de la Vie de leur bac. Il peuvent parler de la vie d'un corail en particulier, surtout en fait de son éclat et de sa vitesse de croissance, mais ne semblent n'accorder aucune importance à la dynamique globale de l'écosystème. N'y a t-il pas un point "spirituel" commun entre l'agriculteur qui aime plus son gros tracteur que la vie de sa terre ( de la Terre ! ) et le récifaliste qui s'extasie plus devant son gros écumeur ou ses nouvelles pompes doseuses que devant la merveilleuse dynamique d'un écosystème ?
En conclusion, c'est quoi un récifal autonome ?
Finalement le récifal autonome n'est rien d'autre qu'un aquarium écosystémique essentiellement géré par la Nature avec l'aide d'un aquariophile attentif et à l'écoute de ses besoins. L'aquarium récifal peut alors être considéré comme autonome non pas parce qu'il ne dépend pas de l'être humain mais parce qu'il sait naturellement se gérer seul au possible. C'est ce possible, aussi limité soit-il par la condition captive, qui libère l'aquariophile de l'emprise du "tout technique". Moins un aquarium récifal sait se gérer naturellement, par défaut d'autonomie écologique, plus il est est vulnérable aux défaillances éventuels du système qui l'assiste vitalement. De plus, plus un bac est automatisé technologiquement plus il accapare le temps et l'esprit de l'aquariophile ! Vouloir un bac récifal autonome c'est finalement vouloir profiter un maximum de ce qui fait qu'un aquarium est bien plus qu'un beau contenant. Vouloir un récifal autonome c'est tout simplement vouloir profiter plus pleinement d'un petit monde vivant qui s'épanouit avec authenticité écologique !
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