Le traitement COMPLET des déchets organiques azotés en récifal
- Le 01/01/2019
Le traitement COMPLET des déchets organiques azotés en récifal
Le traitement des déchets organiques azotés est la problématique aquariophile qui préoccupe le plus les récifalistes. Les tests les plus importants en aquariophilie d'eau de mer ont pour but d'estimer si la chaîne de traitement des déchets fonctionne parfaitement. L'outil de contrôle préférentiel de contrôle est le test nitrates ( no3 ). Avec le résultat de ce test le récifaliste sait si la chaîne de traitement des déchets organiques azotés est efficace. Bien souvent elle ne l'est pas et l'aquariophile livre un éternel combat pour maintenir le taux de no3 en dessous des seuils de tolérances des pensionnaires de son aquarium. Obnubilé, pour ne pas dire obsédé, par la technique et la chimie, l'aquariophile marin en oublie que l'essence de la dynamique d'épuration des déchets en aquarium est ( de Nature ) biologique. Cette négligence écologique est assurément à l'origine d'une bonne partie des problèmes de maintenance des récifaux "modernes".
Le cycle de l'azote en récifal
On peut imaginer vulgairement le traitement des déchets comme une chaîne de production dans une usine. Sur cette chaîne avancent étape par étape les déchets résultants de la dynamique métabolique des poissons, des coraux et autres animaux hébergés, de la dégradation des végétaux, de l'excédent éventuel de nourriture, etc. L'objectif de tous les aquariophiles, et pas seulement en eau de mer, est de s'assurer que les réactions chimiques produites à chaque étape du travail de traitement des déchets ne soient pas toxiques pour les habitants du bac. En récifal, la chaîne d'épuration est en plus prolongée d'un maillon opérationnel occupé par des bactéries spécialisées dans le traitement des nitrates. Ces agents qualifiées ont pour mission d'assurer la dénitrification, c'est-à-dire la transformation des no3 en azote gazeux ayant la faculté de s'échapper de l'aquarium et rejoindre l'atmosphère. C'est ainsi que l'on peut parler de cycle complet de l'azote dans un écosystème d'aquarium récifal. Rien de bien extraordinaire sur le plan pédagogique dans ce premier paragraphe. Tous les aquariophiles, y compris en eau douce, connaissent normalement le cycle de l'azote, au moins de manière schématiquement simplifiée. L'occasion de rappeler que dans un bac d'eau douce densément planté et filtré mécano-biologiquement, les nitrates sont assimilés sous forme minérale par la végétation , ce qui rend le processus de dénitrification accessoire.
Résumons : L'unité de traitement que nous venons d'évoquer comprend donc la chaîne de minéralisation des nitrates composée successivement des postes "désamination" ( production d'ammoniac-ammonium ), "nitrosation" ( production de nitrites ) et de "nitratation" ( production de nitrates ) ; auquel s'ajoute en récifal l'unité complémentaire de "dénitrification" ( production de diazote ou azote gazeux ). Note : Ne pas confondre la dénitrification et la dénitratation qui, elle, résulte d'un procédé physico-chimique et non biologique ( cartouche d'osmoseur par exemple ) .
Et juste avant le cycle de l'azote en récifal ?
Ce que beaucoup de récifalistes ignorent c'est qu'avant avant d'être "posés" sur la chaîne de de traitement que nous venons de décrire les déchets doivent passer par une autre unité de traitement détritive essentielle, à savoir l'unité de fragmentation de macromolécules protidiques. Si les micro-organismes travaillant sur la chaîne de minéralisation et l'unité de dénitrification sont essentiellement des bactéries réparties à chacun des postes selon leurs compétences spécifiques , les micro-organismes oeuvrant sur la chaîne de fragmentation protidique sont beaucoup plus diversifiés. Pour qu'une particule détritive puisse être prise en charge sur la chaîne de minéralisation elle doit prélablement être fragmentée ( de protéines à peptides puis de peptides à acides aminés ). Ce processus de "fragmentation moléculaire" est dans un aquarium récifal essentiellement effectué à travers la digestion de la microfaune. Autrement dit, une particule détritive va successivement être réduite ( en taille et chimiquement ) par divers espèces de microfaune qui font la consommer.
Note : Rappelons à ceux qui décrouvent ce blog via cet article que la microfaune n'est en rien constituée des "petites grosses bestioles" appelées improprement microfaune par beaucoup de récifalistes. Ces bêbêtes, gammares et autres "podes" sont certes des détritivores, mais ils consomment des déchets d'une taille infiniment plus importante que les particules détritives en questions ici. Cette confusion est justement à l'origine des problèmes récurrents de gestion des déchets azotés que rencontrent les récifaux "usines à gaz".
Ignorer l'avant cycle de l'azote en récifal, un non sens absolu...
Cet article révèle une donnée écologique élémentaire et basique que l'aquariophilie récifale a jusqu'à présent ignorer ou nier. Cette ignorance a engendré ce mode de maintenance écologiquement stupide qui consiste à surécumer ( voire à surfiltrer ) un bac pour en extraire un maximum de déchets organiques puis d'utiliser des intrants chimiques divers pour compenser les conséquences écologiques ( biochimiques ) de la perte d'éléments micro-trophiques majeurs. Il est bien évident qu'en privant de nourriture les "ouvriers" travaillant sur la chaîne d'épuration on réduit leur productivité. Ainsi est venue un jour la nécessité là aussi écologiquement absurde de booster le développement des bactéries avec des ajouts carbonatés. Dans la même veine écologiquement asburde sont les boosters de microfaune ( du phytoplancton et des bactéries mortes ! ). Mais pourquoi donc nourrir avec des substituts des micro-organismes qui ont précisément pour utilité de consommer les micro-déchets produits naturellement dans un bac ?
Le traitement complet des déchets organiques azotées en récifal écosystémique
La gestion écosystémique d'un récifal permet le traitement complet des déchets ou presque dans un récifal. Ce n'est pas par hasard si ce genre de bac a des taux de nitrates relativement bas même en l'absence d'écumeur ou de décante. Dans certains bacs surpeuplés en poissons ( qui n'a jamais cédé à une pulsion d'acquisition tout en la sachant déraisonnable ! ) il est tout à fait possible de soulager le travail des chaînes d'épuration ( de l'unité complète donc ! ) avec un écumeur et/ou une filtration mécanique quelconque. La démarche ou Méthode écosystémique n'est pas, nous l'avons déjà dit, l'expression d'un miltantisme low tech mais celle d'une prise en compte des principes écologiques dans la maintenance de nos bacs. Ainsi, relativement au sujet en question ici, nous mettons d'abord tout en oeuvre pour que la Nature ait les moyens de faire son travail d'épuration ( comme par exemple fournir un DSB comme niche écologique à ses agents biologiques ) puis, si nécessaire, et seulement si nécessaire, nous profitons de la technologie pour l'aider quand sa consition captive limite ses capacités. Cette manière de faire de l'aquariophilie semble tellement logique et "naturellement instinctive" qu'on peut se demander comment certains peuvent faire autrement !
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