La nématofaune en récifal, de la microfaune utile très discrète
- Le 05/10/2017
La nématofaune dans un aquarium récifal écologiquement équilibré
Elle est représentée par probablement plusieurs milliers d'individus dans un seul seau de sable vivant et pourtant elle ne saute pas aux yeux des récifalistes... qui est-elle ? La nématofaune ! On parle beaucoup des bactéries, énormément de la microfaune et de la macrofaune, mais quasiment jamais de la nématofaune. Pourtant, après les bactéries, les protozoaïres et les champignons aquatiques, la nématofaune constitue une très grosse part de la biomasse de détritivores benthiques ( sur ou dans le substrat ) participant de l'épuration biologique des bacs un tant soit peu "naturels". On estime à 1 million d'individus le nombre de représentants de la famille des nématofaune dans une couche de sable vivant de qualité de 1 m2 et de 20 cm d'épaisseur !
Qu'est-ce que la nématofaune plus précisément ?
Sous le terme nématofaune on regroupera les différentes espèces de vers nématodes peuplant discrètement les lit de sable de nos aquariums d'eau de mer. Ils sont très petits, souvent moins de 1 mm, et fins comme des cheveux ; mais on peut avec une loupe et un minimum d'attention les apercevoir entre les grains de sable contre la vitre du bac. Si l'on ne les aperçoit pas directement on peut néanmoins voir parfois contre la vitre les quelques traînées marrons clairs que ces vers fouisseurs détritivores laissent derrière eux.
Ne pas confondre nématodes libres et nématodes parasites !
Nous parlons ici des nématodes libres ou errants et non des nématodes parasites, notamment Anisakis sp et Pseudoterranova sp, que l'on peut retrouver parasitant l'Homme ayant consommé du poisson cru. Les nématodes que nous évoquons comme utiles à l'épuration biologique de nos récifaux vivent uniquement dans le substrat et ne doivent leur appartenance taxonomique commune avec les namatodes parasites qu'à leur caractéristique : Vers ronds non segmentés.
Les différentes nématodes et leurs fonction détritivores
La Nature est bien faite ( répétons-le une fois de plus ! ). Comme les bactéries et la microfaune, la nématofaune est constituée de différents spécialistes traitant un type de déchet particulier. On trouve donc des nématodes carnivores ( restes de nourriture carnée, poisson et crustacés entre autres ), des nématodes phytophages ( restes de nourriture végétale et de micro et macro algues mortes ), des nématodes bactérivores ( bactéries mortes ), des nématodes fongivores ( champignons morts ) et même des nématodes omnivores qui réunissent en un toutes ses qualités détritivores !
La nématofaune préserve la bonne santé de l'écosystème
Les nématodes du sable ont une fonction prophylactique, autrement dit ils participent de la préservation de la santé de l'aquarium en luttant contre ce qui pourrait lui être nuisible ! Ce ne sera pas une surprise pour les récifalistes naturalistes dans l'âme puisque c'est finalement le cas de tous les animaux de nos bacs que notre expérience nous a fait classer comme "gentils" ( des bactéries, de la microfaune, de la macrofaune, des végétaux... ) parce qu'ils s'opposent naturellement aux "méchants" ( eux aussi des bactéries, de la microfaune, de la macrofaune, des végétaux ). "Le remède est pour chaque chose son semblable" aurait-dit un certain Jacob Boehme... Encore un illuminé naturaliste probablement !
Les nématodes et leur fonction physique dans un DSB
Les nématodes sont sans aucun doute les vers fouisseurs qui descendent le plus profondément dans le lit de sable épais ; il m'arrive d'en apercevoir tout au fond sous 20 cm de sable ! Vu leur nombre colossal estimé on imagine quel importance ils ont dans la dynamique du sable ( bioturbation ) tant sur la plan de la dynamique physique que de la dynamique chimique, en l'occurrence l'oxygénation du sol. Sur ce dernier point je pense personnellement que les étroites galeries creusées par les nématodes contribuent à ce que le lit de sable ne soit pas absolument privé d'oxygène ( risque de production de sulfure d'hydrogène, H2S ) mais seulement appauvri en oxygène en profondeur pour animer le processus de dénitratation biologique, si important pour notre maintenance écologique.
Conclusion
La nématofaune doit idéalement faire partie intégrante d'un lit de sable épais et heureusement elle fait quasiment toujours partie d'un vrai sable vivant, sauf dans les sables de trop fortes granulométrie ( au-delà de 4 mm ). D'ailleurs, les graviers ne peuvent héberger durablement que des "podes" et éventuellement quelques grosses espèces de vers polychètes assez puissants pour remuer des gros grains. Dans tous les cas, une proportion majoritaire de grains de sable de plus de 4 mm ne peut constituer un DSB véritablement performant en terme d'épuration biologique complète d'un aquarium récifal.
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