Un récifal berlinois avec plein de microfaune, c'est plus que possible !
- Le 16/09/2017
De la microfaune à foison dans un récifal "méthode berlinoise", c'est plus que possible !
Je parle souvent sur ce blog de la méthode DSB et les récifalistes qui me suivent pourraient finir par en déduire que cette méthode est la seule qui puisse convenir à un récifal riche en microfaune. Et bien non, il en est rien, fort heureusement. Si je parle plus volontiers de la méthode DSB c'est simplement parce que c'est celle que j'ai adoptée depuis bien longtemps. Aujourd'hui je vais traiter de la microfaune dans un récifal géré par la méthode berlinoise et nous allons constater qu'elle y a sa place attitrée, tout comme en Jaubert ou en DSB pur.
C'est quoi en fait la méthode berlinoise, en vrai ?
Avant tout, il nous faut rappeler ce qu'est la méthode berlinoise. Tous les "jeunes" aquariophiles semblent la connaître et pourtant en vérité peu d'entre-eux savent de quoi il s'agit essentiellement. En fait, il ne reste quasiment rien de la méthode berlinoise dans la maintenance high tech des récifaux "new generation" aseptisés et perfusés ! Pour rafraîchir immédiatement les esprits de ceux que l'industrie aquariophile n'a pas encore totalement perverti à la mode "usine à gaz", bref, à l'aquariophilie anti-écologique, voici de que Sprung et Delbeek disent de la méthode berlinoise dans L'aquarium récifal (vol. 3) :
"il s'agit dans le principe d'une méthode naturelle, la filtration biologique étant confiée aux roches et au sable vivant. ".la technique du fond nu n'est pas une caractéristique de la méthode Berlinoise originale"
Et oui, la méthode berlinoise véritable fait la part belle à l'épuration biologique, comme en Jaubert ou en DSB... et surtout comme la préconisait Lee Chin Eng au début des années 1960. En vérité, la méthode berlinoise, théorisée par Peter Wilkens dans les années 1970, n'est rien de plus que la méthode de maintenance naturelle ( sans filtration aucune ) de Eng à laquelle on va ajouter un écumeur pour soulager en amont le travail de traitement des déchets effectué naturellement par les petites "bestioles" ! La méthode berlinoise apportera aussi l'idée de la supplémentation en calcium ( kalkwasser ) et l'optimisation de l'éclairage artificiel, mais cela est une autre histoire.
L'écumeur, c'est quoi son rôle dans un récifal berlinois, en vrai ?
Quand l'écumeur apparaît sur le marché aquariophile "grand public" les premiers usagers tentés par la méthode berlinoise se posent immédiatement la question de l'élimination par cet épurateur à bulles de certains éléments nutritifs indispensables au bon développement des populations bactériennes utiles et à la microfaune, qui rappelons-le constituent l'Essence biologique de la méthode berlinoise. Et bien, figurez-vous qu'au lieu de réfléchir sérieusement à cette question avec les récifalistes inquiets, l'industrie aquariophile va au contraire profiter du boom de l'écumeur pour développer et proposer à grand coups marketing des machines à écumer de plus en plus puissantes et performantes et surtout parvenir à faire croire à leur clientèle bêtement enthousiasmée que leurs super-méga-écumeur de compétition peuvent totalement remplacer les épurateurs biologiques ( la microfaune ).
A côté des consommateurs moutonniers qui suivent les bergers du marché sans trop penser, il y a toujours des aquariophiles plus avisés qu'on ne dirigent pas aussi facilement ! Comment pensez-vous que les industriels engagés dans la fabrication d'écumeurs de plus en plus gros et efficaces ( en terme d'aseptisation ) sont-ils parvenu à séduire les derniers récalcitrants ? Et bien, tenez vous bien, ils leur ont proposé des produits de supplémentation qui combleraient les carences provoquées par l'écumeur ! C'est fort, très fort... et surtout c'est incroyable que cela ait pu marcher !
Le paradoxe absurde de l'écumeur surpuissant et surdimensionné !
Alors, effectivement, aussi paradoxale que cela puisse l'être, les récifalistes se sont mis à payer des produits pour remettre dans leurs aquariums ce que leurs écumeurs dévoraient !
Jamais je n'ai usé d'autant de points d'exclamation dans un article ; mais reconnaissez que cet état de fait, aussi véridique qu'absurde, a de quoi faire bondir d'indignation le plus tolérant et ouvert des récifalistes ! Alors des points d'exclamation je vais volontairement et avec plaisir en abuser à la fin de cet affirmation : Oui un récifal berlinois avecplein de microfaune c'est possible ; ce n'est pas seulement possible en fait c'est obligatoire pour qualifier de berlinoise la méthode !!!!!!!!!!!!!!!
Finalement, si la méthode "usine-à-gaz-aseptisation-perfusion" ne peut plus être raisonnablement qualifiée de berlinoise, comme doit-on la nommer ? Je ne sais pas et peut-être avez-vous des idées ? Ce que je sais c'est que, aussi esthétiquement beau peut être un récifal ainsi anti-écologiquement géré, il n'est plus un objet de la pratique aquariophile, tout comme un vélo à moteur n'en est plus un pour la pratique du cyclisme !
Conclusion :
Des pierres vivantes, du sable vivant, donc de la microfaune libre et benthique + un écumeur qui allège un peu ( oui, un peu seulement ! ) le travail des détritivores macro et micro, voilà ce qu'est fondamentalement la méthode berlinoise.